Shila, fléau de Set...

Kestal Mar 5 Aoû - 20:42

Dans le dédale de couloirs du Grand Temple, le claquement de ses sandales tressées résonnait sur les dalles de jade et d’onyx. Elle s’arrêta devant la Porte de Yith et toisa les gardes postés en faction.

« Allez avertir le Pontife Suprême que je suis arrivée !»

Le son de sa voix, mélodieux et envoutant, démentait l’éclat de cruauté et de démence qui brulait son regard. Elle était grande, mince, la peau légèrement cuivrée. Ses fins sourcils s’arquaient sur des yeux reptiliens à l’étrange lueur orangée. Quant à ses traits délicats, son nez aquilin, ses lèvres couleur de grenade, ils avaient déjà rendu ivre d’amour bien des hommes en Stygia.
Shila ajusta sa tunique de soie vaporeuse et immaculée. Elle ne pu s’empêcher de s’admirer dans l’un des miroirs qui ornait la vaste galerie : ses courbes gracieuses, sa taille délicate soulignée par une ceinture d’or, ses cheveux pommadés et tressés. Elle remarqua l’un des gardes qui la dévisageait, admiratif, captivé…

« Que regardes-tu chien ? Comment oses-tu poser tes yeux sur moi. Sois bien certain que j’informerai ton maître de… »

« De quoi ? »

La voix qui venait de l’interrompre était caverneuse et dénué de toute émotion. Shila se retourna vivement et fixa le Pontife, une moue dédaigneuse sur son visage.

« Vous m’avez fait attendre Kirios ! Et qui plus est, sous le regard torve de vos soudards. »

« Ils ne te regarderaient pas avec lubricité si tu ne les provoquais pas par ta si grande beauté, Shila, fille de Méhényt. »

Le compliment était à double tranchant et Shila se contint pour ne pas répondre à l’insulte à peine voilée.

« Assez perdu de temps prêtre. Tu sais qu’Il m’attend. Amènes moi jusqu’à Lui. Pressons ! »

Kirios la précéda à travers une succession de couloirs et d’escaliers. Partout, ce n’était que bas relief en or, colonnes de porphyre, dômes de cristal. Et partout le double serpent, symbole du Tout-Puissant Seth, marquait son territoire. Bientôt ils s’enfoncèrent dans un boyau taillé à même la roche et qui semblait plonger dans les entrailles de la terre. L’atmosphère était moite et chaude et une odeur douceâtre de pourriture et d’humidité imprégnait les lieux.

Le prêtre et la sorcière s’arrêtèrent à quelques pas d’une vaste dalle circulaire.

« Nous y voilà. J’ignore pourquoi Il te veut toi mais puisque telle est Sa volonté… » grinça le prêtre.

« Tu aurais sans doute préféré qu’il choisisse l’une des vestales de ton temple » ironisa la Sorcière.
« Mais dans Son omniscience Il en a décidé autrement et j’attends que tu me manifestes le respect dû à mon rang »

« Prends garde démone ! Tu t’adresses au Pontife Suprême. Je ne sais quelle magie interdite tu as utilisé pour arriver à tes fins mais saches que je le découvrirai et que je te ferai rendre gorge »

« Tes menaces viennent de sceller ton sort misérable. Il sera informé des propos que tu tiens contre sa promise. La tiare qui orne ton front te sera bientôt retirée et tes entrailles orneront mon palais. Et maintenant ouvre le sanctuaire. Il m’attend ! »

Kirios ravala sa rage, relevant les larges manches de sa robe, il leva son sceptre et prononça les paroles secrètes. La dalle aux dimensions cyclopéennes pivota, s’ouvrant sur un immense gouffre exhalant une vapeur malsaine et fétide.

Shila se retourna vers le prêtre, un rictus de haine déformait les traits altiers de son visage.

« Ceci est l’avant dernière étape qui me conduira à la Gloire de Set. Quand je serai enfin purifiée, Il me prendra pour femme et j’enfanterai Celui qui fera ployer Hyboria sous son joug. Alors ridicule petit prêtre, je me délecterai de tes hurlements de souffrance »

Kirios recula. Il lu la démence dans les yeux de la sorcière. Il y vit la haine et la folie. Alors il sut qu’il devait agir…mais déjà Shila descendait dans le gouffre…

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Son corps frémissait de plaisir et ses yeux se révulsèrent. Shila savait que bientôt elle serait l’épouse du Dieu Sombre, qu’elle devait s’abandonner à l’orgie reptilienne qui la purifierait des dernières scories de son humanité et la rendrait digne de paraître devant l’Antique Serpent. Alors dans un râle de jouissance elle s’abandonna un peu plus à la masse grouillante, à la multitude d’aspics qui s’insinuaient en elle, qui la pénétraient…

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Quelques jours plus tard….

Dans sa chambre d’ambre et de topaze, Shila s’apprêtait à gagner sa couche pour la nuit. Elle écarta les voilages de soie diaphane et saisit le calice d’or qu’une de ses servantes avait déposé à son attention sur la table de chevet. Comme chaque nuit, l’étrange boisson l’aidait à trouver le sommeil. Le breuvage coula dans sa gorge…elle se sentit brusquement très lasse. Ses mains se crispèrent à l’une des colonnes de quartz qui ornaient son baldaquin, elle vacilla et s’effondra...

Observant les étoiles depuis le balcon de ses appartements, le Pontife Suprême sourit…

« Adieu sorcière ! » murmura-t-il

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Une semaine plus tard…

Enchaînée, les cheveux emmêlés, la peau brûlée par le soleil, Shila n’était plus que l’ombre d’elle-même. Dans la galère d’esclaves qui l’amenait si loin de sa terre natale, elle se jura que sa vengeance irait bien au-delà de ce que les pires cauchemars de l’homme avaient pu concevoir.